lundi 30 juillet 2018

Mise en garde...

Un gamin de 10 ans piégé en ligne


MISE à JOUR 

Un prédateur sexuel a utilisé le populaire jeu Fortnite pour approcher sa victime


Une mère met en garde les parents contre le jeu Fortnite avec lequel un prédateur sexuel a approché son fils de 10 ans pour ensuite le convaincre de se dénuder devant la caméra.
Le 8 juillet dernier, c’est le choc pour cette mère de Lanaudière quand elle trouve des photos de son garçon complètement dénudé sur sa tablette.
Elle remarque que les images proviennent d’une conversation que son fils entretient secrètement depuis trois mois avec un homme qu’elle ne connaît pas sur l’application Messenger de Facebook.
Les photos montrent son garçon dans «des positions très érotiques pour un enfant de cet âge-là», confie la mère, dont nous taisons le nom pour ne pas révéler l’identité de la jeune victime.
«Il y avait un peu de dialogue du genre : tu es gentil, tu es fin, tu es beau», raconte-t-elle.
Porte d’entrée
La mère tente une première discussion avec son fils sur le sujet et découvre que c’est par le biais du jeu Fortnite, ce jeu de survie et de tir multijoueur dont tout le monde parle depuis le début de l’année, qu’il a rencontré l’homme en question.
Celui-ci se serait fait passer pour un garçon de 13 ans. «Ils faisaient des missions ensemble. Il a fini par lui dire de l’ajouter sur Messenger», dit-elle.
La surprise est totale, admet celle qui est intervenante psychosociale et qui pensait exercer un contrôle suffisant sur les activités numériques de son fils.
«[Les prédateurs sexuels] vont utiliser tout ce qu’ils peuvent pour arriver à leurs fins, alors comme c’est un jeu très populaire auprès des enfants, je pense que c’est une porte [d’entrée] pour eux», souligne la maman, qui invite les parents à la prudence.
Irréel
Une fois la confiance du garçon gagnée, il était plus aisé de le convaincre de poursuivre la conversation hors du jeu, sur Messenger.
«Ils ont fait des appels par vidéoconférence. C’est là qu’il a réussi à faire déshabiller mon fils. Et il a fait des photos, des captures d’écran, probablement», poursuit la maman.
«Il n’y a pas de mots. J’étais en état de choc. De voir des photos de ton fils comme ça, c’est comme un peu irréel. Encore aujourd’hui, je ne suis pas certaine que je réalise pleinement tout ça encore», confie-t-elle.
Ce n’est pas tout. Elle affirme que le prédateur de son garçon lui a aussi envoyé les photos d’un autre enfant. «Il avait envoyé les photos d’une petite fille», dit-elle, horrifiée.
Trois semaines après sa découverte, elle ignore toujours l’âge ou même l’origine de celui qui a convaincu son fils de se dévêtir devant la caméra. L’affaire est entre les mains de la Sûreté du Québec, indique-t-elle, en souhaitant que l’on puisse retrouver cet individu.
«Je suis convaincu que mon fils n’est pas la seule victime de cette personne-là. Ils ont rarement une seule victime», conclut-elle.
Le Journal a contacté l’éditeur de Fortnite, Epic Games, sans obtenir de réponse.

Fortnite, le phénomène de l’année


  • Sorti en 2017
  • Accessible sur toutes les plateformes de jeux modernes
  • Plus de 45 millions de joueurs actifs
  • Un mode Battle Royale ultra-populaire dans lequel s’affrontent 100 joueurs et où le dernier survivant l’emporte
  • Plus de 1 milliard de dollars américains générés en revenus par la version gratuite (en achats dans l’application)

Un terrain de jeu pour les pédophiles

Les jeux vidéo multijoueurs sont un environnement de choix pour les pédophiles qui peuvent y traquer leurs victimes plus aisément, selon les organismes de lutte contre les crimes sexuels.
Contrairement à un réseau social traditionnel comme Facebook, où l’on accepte ou pas chaque amitié, les joueurs en ligne ont peu de contrôle sur les inconnus qu’ils rencontrent, explique René Morin, porte-parole du Centre canadien de protection de l’enfance.
«Les jeux sont souvent conçus de manière à mettre en contact de façon aléatoire des joueurs qui peuvent être situés un peu partout, donc vous allez vous retrouver à partager quand même un bon moment avec des individus que vous ne connaissez pas», souligne-t-il.
C’est notamment le cas sur Fortnite, où l’on encourage les joueurs à mener leurs conquêtes en duo ou à quatre, en se parlant au micro.
À l’affût
Compte tenu de l’immense popularité de Fortnite, notamment auprès des jeunes, il ne faut pas s’étonner que des pédophiles s’y intéressent, ajoute la directrice générale du Centre Cyber-aide, Cathy Tétreault.
«Les adultes avec des déviances vont se renseigner auprès des jeunes pour savoir ce qui est le fun, ce qui est cool et de quelle façon on peut faire pour se parler sans que les adultes le voient», indique-t-elle.
Sorti en 2017, Fortnite a construit sa renommée rapidement grâce au mode de jeu Battle Royale, où 100 participants s’affrontent sur une île jusqu’à ce qu’il n’y ait qu’un seul survivant.
Ce mode est en plus offert gratuitement, «donc il y a beaucoup de jeunes qui peuvent convaincre leurs parents» d’y jouer, remarque Karine Charbonneau, collaboratrice de la section Pèse sur start du Journal.
Des inquiétudes
L’attrait des pédophiles pour ce jeu suscite d’ailleurs des inquiétudes outre-mer. En avril, la National Crime Agency, l’agence britannique de lutte contre le crime, publiait un avis mettant en garde les parents contre la présence de personnes malveillantes sur cette plateforme.
Le mois précédent, l’histoire d’un garçon de 12 ans ayant été approché par un homme sur Fortnite pour effectuer des «actes sexuels» en échange d’argent avait fait les manchettes en Angleterre.

jeudi 21 juin 2018

Réjean Julien Proulx, 57 ans, Pointe Calumet.

Accusation d’agression sexuelle au Super Aqua Club: le propriétaire pourrait avoir fait des dizaines de victimes

Le proprio du Super Aqua Club aurait payé cadeaux, voyages et alcool à des mineurs

Le propriétaire du Super Aqua Club accusé d’agression sexuelle hier se serait souvent entouré de garçons, à qui il payait des cadeaux, des voyages et de l’alcool, selon ce qu’ont confié plusieurs témoins au Journal.
« Il me gâtait comme un petit roi, a confié sous le couvert de l’anonymat un ex-employé. [...] Je commençais à trouver ça louche », raconte celui qui s’est notamment fait acheter des vêtements, un iPad et des voyages dans le Sud par Réjean Julien Proulx.
L’homme de 57 ans a été formellement accusé hier d’agression sexuelle sur un mineur en plus d’avoir touché une partie de son corps à des fins sexuelles, alors qu’il était en situation d’autorité ou de confiance.
Désormais responsable de l’enquête, qui a pris une tout autre ampleur hier, la Sûreté du Québec (SQ) a déclenché la structure de gestion des crimes en série. Les recherches tendent maintenant à démontrer qu’il pourrait y avoir plusieurs victimes.
Attouchements au travail
Selon nos informations, les faits reprochés s’étendraient même sur plusieurs décennies et impliqueraient des dizaines de jeunes hommes.
Les enquêteurs des crimes majeurs de la SQ travailleront en collaboration avec la Régie de police du Lac des Deux-Montagnes sur ces dossiers.
Selon nos informations, la victime serait un jeune de 16 ans qui était à l’époque un employé du parc aquatique et les gestes auraient été commis à la résidence de l’accusé le 22 décembre dernier.
« C’est sûr ça allait arriver [...] Ça allait trop loin », commente l’ex-employé, qui était majeur quand il a travaillé durant deux étés au parc aquatique de Pointe-Calumet, dans les Laurentides. Il raconte s’être fait prendre le pénis par M. Proulx, qui aimait surprendre ses employés en empoignant leurs parties intimes, dit-il.
Des doutes
En 2014, M. Proulx se serait rendu par lui-même dans un poste de la SQ où il aurait dit avoir commis des agressions. Mais étant donné qu’il se trouvait dans un état mental perturbé et instable, les policiers l’avaient conduit à l’hôpital. L’enquête qui a suivi n’avait pas permis d’identifier de victimes.
Puis, une présumée victime aurait porté plainte en 2015 contre lui. Mais elle aurait toutefois retiré sa plainte par la suite.
« Tout le monde qui a déjà travaillé là avait un doute », souffle un autre ancien employé, qui a lui aussi préféré taire son identité. Il a travaillé deux ans dans la vingtaine au Super Aqua Club et il a vu à maintes reprises le propriétaire inviter ses jeunes employés à boire de l’alcool chez lui.
« On passait des soirées, juste des gars, à boire dans le spa », confie un autre ex-employé anonymement.
Celui-ci raconte avoir tout de suite eu des traitements de faveur de M. Proulx, qui lui offrait les tâches et les horaires les plus alléchants. Il a reçu des vêtements de marque Burberry valant plusieurs centaines de dollars, par exemple.
« J’ai été chanceux de ne pas avoir été trop naïf », se souvient-il. Après quelques semaines, il a pris ses distances quand il a vu M. Proulx imiter les gestes d’une fellation avec son cigare devant un groupe d’employés chez lui.

CE QUE D’ANCIENS EMPLOYÉS ONT DIT


« Il nous amenait aux danseuses et au restaurant et il payait tout »
« Après tu comprends que tu es aveuglé parce qu’il t’achète »
«Le spa c’est un classique, il faisait tout le temps ça nous inviter dans son spa »
« [Malgré les cadeaux et les voyages], je ne suis jamais resté seul avec lui. J’avais trop peur »
– Avec la collaboration de Stéphane Alarie et de Camille Garnier

Quiconque détient des informations à ce sujet est prié de contacter le 1 800 659-4264 ou cic@surete.qc.ca


mardi 19 juin 2018

Jean-François Morrison, Saint-Jérome

Le massothérapeute aux mains longues restera détenu

Le tribunal refuse de libérer Jean-François Morrison qui aurait fait 26 victimes


Le massothérapeute de Saint-Jérôme accusé d’avoir agressé sexuellement 26 patientes, dont une mineure, devra rester derrière les barreaux jusqu’à son procès.

Le tribunal a refusé ce matin de libérer Jean-François Morrison dans l’attente de la suite des procédures judiciaires, notamment en raison de la gravité des crimes allégués et de leur répétition. Même si l’homme de 37 ans a offert d’importantes garanties financières, la juge Nancy McKenna a estimé que sa libération pourrait miner la confiance du public en l’administration de la justice.
En rendant sa décision, la magistrate a d’ailleurs rappelé la liste des actes reprochés au massothérapeute à la suite de l’enquête de la police de Saint-Jérôme et de la Sûreté du Québec.
Une de ses présumées victimes a notamment confié que Morrisson lui aurait offert un verre d’eau et qu’elle aurait ensuite eu un «black out» lors du massage. Elle se serait réveillée nue sur le lit, avec du sang à l’entrejambe et des douleurs. Elle dit avoir alors contracté une infection transmissible sexuellement.
Des plaignantes ont raconté avoir dû intimer à l’accusé de cesser ses attouchements, tandis que d’autres seraient restées figées pendant les gestes allégués.
Morrison avait été appréhendé à la mi-avril à la suite de trois premières plaintes. Après la médiatisation de son arrestation, le nombre de ses présumées victimes a littéralement explosé.
Entre août 2015 et mars 2018, il aurait profité de séances de massage pour effectuer des attouchements sexuels sur plus de deux douzaines de clientes âgées entre 17 à 40 ans. Il est aussi accusé d’avoir rendu accessible une image intime sans le consentement de sa victime alléguée.
Pour obtenir que Morrisson demeure incarcéré, la poursuite a soutenu que le risque de récidive était important et insisté sur le grand nombre de victimes et leur vulnérabilité. En défense, on a rappelé en vain que l’accusé n’avait pas d’antécédents judiciaires et qu’il n’était pas en situation d’autorité lors des agressions alléguées.
Morrisson, qui risque une peine de dix ans de prison, reviendra devant le tribunal le 18 juillet afin que soit fixée une date pour son enquête préliminaire.
– Avec la collaboration de Christian Plouffe
  •  Toute information au sujet de Jean-François Morrison peut être transmise de façon confidentielle à la Centrale de l’information criminelle de la Sûreté du Québec au 1 800 659-4264.

mardi 27 mars 2018

Alexis Joveneau, Sept-Iles, Québec, Côte-Nord, Unamen Shipu, Pakushipi

Il agressait sexuellement les Innus au nom de Dieu

Le père Joveneau promettait l’enfer aux enfants qui ne comblaient pas ses besoins


UNAMEN SHIPU | De nouvelles victimes se manifestent pour la première fois après avoir été agressées par Alexis Joveneau, un père oblat qui continue de hanter les Innus de la Basse-Côte-Nord 25 ans après sa mort. Le Journal a recueilli ces nouveaux témoignages troublants dans les communautés d’Unamen Shipu et de Pakuashipi, où ce missionnaire qu’on surnommait « Dieu » et qui se prenait pour Jésus a volé les Autochtones en plus de les agresser sexuellement, physiquement et psychologiquement pendant 39 ans.
Ces nouveaux témoignages sont à ce point accablants que les Oblats du Québec ont tenu à exprimer leurs excuses lorsqu’ils en ont pris connaissance, comme le révélait Le Journal hier.
Pierrette Mestenapéo est l’une de ces victimes. Cette femme de 59 ans déteste regarder par sa fenêtre, qui donne sur la croix blanche sous laquelle a été enterré le père Alexis Joveneau, qui l’a agressée sexuellement plusieurs fois dans son enfance dans les années 1970.
Chaque fois qu’elle voit cette croix, l’haleine de vieille cigarette du père Joveneau, son rire fort et gras et les agressions répétées dont elle a été victime lui reviennent à l’esprit.
La première fois, elle avait 12 ans. L’agression s’est produite au confessionnal, l’un des endroits préférés du religieux pour abuser de ses jeunes proies.
Pendant sa confession, le père Joveneau jouait avec les bretelles de son soutien-gorge, glissait sa main dans son chandail en lui flattant le ventre, caressait ses seins, touchait le bas de son dos jusqu’à ses fesses et l’embrassait avec son haleine de tabac et de lendemain de veille.
Le prêtre lui demandait de répéter le Je vous salue Marie en français alors qu’elle ne le connaissait pas. Il lui apprenait tout en lui caressant le corps et en lui chuchotant les mots à l’oreille. Il lui disait qu’il agissait au nom de Dieu.
« Il était méchant avec les enfants, dit-elle. Le cubicule n’était pas grand, il y avait une chaise et un banc, mais il ne voulait pas que je m’agenouille. Il me disait : “Viens dans les bras de Jésus.” Et les agressions commençaient. »
Des dizaines d’histoires
Une histoire comme celle-ci, il y en a eu des dizaines pendant le règne d’Alexis Joveneau à Unamen Shipu et Pakuashipi, à plus ou moins 500 km à l’est de Sept-Îles. Le Journal en relate d’ailleurs plusieurs autres aujourd’hui et demain.
Le père provincial des Oblats, Luc Tardif, le qualifie maintenant de « peste » avec ses gestes de « dégoûtants », comme le rapportait Le Journal hier.
En 1953, certains Innus étaient encore nomades. Ils ne parlaient pas bien français et n’étaient pas instruits.
C’est dans ce contexte que le père Joveneau est arrivé et s’est mis à parler en innu, une langue qu’il avait apprise pendant l’année qu’il avait passée au Labrador.
En plus d’être un Blanc qui parlait innu, Alexis Joveneau avait de la prestance. Il s’est immédiatement attiré le respect de la communauté.
Lorsqu’un Innu avait besoin de traduire un document ou de parler à un pilote d’avion pour envoyer des enfants malades se faire soigner, le père Joveneau servait de traducteur. Il remplissait les demandes d’aide sociale ou de pension de vieillesse. C’est ainsi qu’il s’est rendu indispensable.
Dans son enfance en Belgique, celui qui se faisait appeler « lama pétulant » chez les scouts, était reconnu comme un leader.
Les chasseurs innus devaient faire offrande de fourrures au père Joveneau en échange de prières. À Noël 1986, les fourrures étaient bien en évidence dans l’église.
Dans ces communautés pauvres, les seuls accès sont par motoneige, avion ou bateau. Malgré les difficultés, Joveneau a tout de même réussi à construire côte à côte une église, un presbytère, une salle communautaire et une école, appelée ironiquement... Saint-Alexis.
Tous se rappellent qu’il avait un grand charisme... et des bonbons dans son presbytère pour attirer les enfants.
Louise Lalo est allée au presbytère après l’école. Selon elle, il y avait toujours un enfant sur les genoux du curé pendant que les autres couraient autour de la table de cuisine en s’empiffrant.
Obsédé par l’enfer
Le père Alexis Joveneau avait recruté 12 « apôtres » qui se tenaient derrière le prêtre lors des cérémonies importantes.
À une époque, il avait pris sous son aile 12 hommes du village surnommés les apôtres. Lors des messes, ceux-ci se plaçaient derrière ou à genoux devant leur « Jésus ». Il était constamment accompagné de ceux-ci lorsqu’il se promenait dans le village.
Chaque dimanche dans ses sermons, Alexis Joveneau parlait du paradis, du démon et de l’enfer. Selon plusieurs Autochtones, il en était obsédé.
Il avait réussi à créer une véritable peur de l’enfer. Les gens n’avaient qu’une chose en tête : aller au paradis. Il menaçait de l’enfer quiconque lui désobéirait.
« Il avait placé deux affiches de la hauteur de la porte à l’entrée de l’église. Une pour aller au paradis et une autre pour aller en enfer. Nous devions suivre la bonne affiche », se souvient Charles Api Bellefleur.
Siméon Malleck se rappelle très bien le jour de sa première communion, à l’âge de huit ans, alors qu’il a été agressé par le curé. Ce dernier lui a montré à faire une fellation et lui a promis l’enfer si ce n’était pas à son goût. « J’étais terrifié », raconte-t-il.
Impossible à dénoncer
Le père Joveneau exerçait un pouvoir important sur ces communautés qui étaient pratiquement sans contact avec le reste du Québec en raison de l’éloignement, mais aussi de la langue.
Il devenait donc très difficile pour les Innus de le dénoncer.
Marguerite Mestenapéo, la sœur de Pierrette, a tenté une fois de parler des agressions sexuelles qu’elle avait subies. Elle se souvient de la réponse de sa mère.
« Elle m’a dit de ne pas dire ça, parce que le prêtre, c’était un Dieu et qu’il était appelé par Dieu », a dit Mme Mestenapéo.
Elle n’en a jamais reparlé jusqu’au passage du Journal le mois dernier.
« La pointe de l’iceberg »
Sœur Armande Dumas a bien connu le père Joveneau pour avoir travaillé avec lui à Unamen Shipu.
Elle a refusé d’accorder une entrevue au Journal lors de notre passage, mais a néanmoins dit que les révélations faites par les membres de la communauté « ne sont que la pointe de l’iceberg ».
« Pour l’ensemble de ces victimes, je souhaite qu’elles reçoivent toute l’aide nécessaire pour qu’elles se libèrent de ce poids du silence qu’elles ont trop longtemps porté, et qu’elles avancent vers une guérison personnelle et communautaire... Que justice et vérité soient faites », a-t-elle par la suite écrit dans une lettre envoyée au Journal.

VOICI L'INTÉGRALITÉ DE LA LETTRE D'ARMANDE DUMAS

Magalie Lapointe
Journal de Montréal
Magalie, nous avons eu l’occasion de nous rencontrer lors de ton séjour à La Romaine en février dernier et je t’ai déjà exposé mon point de vue sur une éventuelle entrevue.
Je maintiens cette position, mais je crois qu’à l’intérieur de notre brève conversation tu as sans doute pu percevoir que je vis des sentiments tant d’indignation que de tristesse et de compassion devant les témoignages présentés aux séances de la Commission sur les femmes autochtones assassinées et disparues. À ceux-ci, divers autres s’y ajoutent et s’y mêlent, encore difficiles à mettre au clair et à formuler.
Ces sentiments rejoignent tout d’abord les personnes qui ont courageusement pris la parole pour exprimer leur douleur d’avoir souffert de la part du Père Joveneau des comportements inacceptables tout autant que les autres victimes possibles qui ont gardé le silence depuis tant d’années. Pour l’ensemble de ces victimes, je souhaite qu’elles reçoivent toute l’aide nécessaire pour qu’elles se libèrent de ce poids du silence qu’elles ont trop longtemps porté et qu’elles avancent vers une guérison personnelle et communautaire... Que justice et vérité soient faites !
Enfin, ces émotions exprimées plus haut rejoignent également le reste de la communauté d’Unamen Shipu profondément ébranlée et toujours sous le choc des révélations entendues sur ce prêtre, leur premier curé résident, ayant partagé leurs peines et leurs joies, leurs combats et leurs espoirs, pendant près de quarante ans. Les interrogations sont multiples et parfois font mal et aussi elles soulèvent un grand nombre de remises en question tant chez les individus que chez les familles, ainsi que chez la communauté dans son ensemble.
Ces douleurs et ces larmes, ces interrogations et ces remises en question, je les fais miennes. Avec les divers intervenants pouvant aider, je m’engage au meilleur de mes capacités à écouter, accompagner, soutenir, tendre la main aux uns et aux autres dans cette recherche de vérité, de guérison et de vie meilleure.
Armande Dumas
La Romaine, 8 mars 2018

Siméon Malleck dit avoir été agressé à deux reprises par le père Alexis Joveneau alors qu’il était âgé de 8 et 10 ans.
Siméon Malleck a déjà pensé aller déterrer le corps du père Joveneau, tellement sa rage est grande contre l’homme qui l’a agressé le jour de sa première communion.
« Sa place n’est pas dans notre cimetière. Il a fait trop de mal à mon peuple innu. Il m’a fait trop de mal à moi », rage Siméon Malleck.
Le Journal a parcouru plus de 650 km à motoneige pendant deux semaines le mois dernierpour aller à la rencontre de victimes comme lui, qui navaient jamais raconté leur histoire auparavant. Plusieurs ne parlent qu’en innu et un interprète a été nécessaire pour révéler ces histoires qui ont toujours un impact sur leur vie.
Siméon Malleck n’hésite pas à dire que le père Joveneau a gâché son enfance et une bonne partie de sa vie d’adulte, jusqu’au moment où il a renoué avec la nature et les traditions innues.
Communion
En 1989, il avait très hâte de faire sa première communion. Un moment qu’on lui avait présenté comme très important dans sa vie.
Le petit garçon de 8 ans est donc arrivé tôt pour la cérémonie. Il était le premier sur place.
Il a alors décidé de se rendre au presbytère, là où la porte était toujours débarrée. Il voulait aller jaser avec celui que l’on surnommait « Dieu ».
Alexis Joveneau l’a accueilli et lui a montré la direction d’une chambre. L’enfant avait très peur dans cette pièce pourvue d’un fenêtre minuscule où il y avait très peu de lumière.
Plusieurs personnes ont d’ailleurs témoigné avoir été agressées dans cette pièce, que le prêtre appelle son « petit salon » dans les lettres qu’il a écrites à sa nièce (et dont des extraits sont publiés en pages 6 et 7).
Siméon Malleck tremblait. Celui dont il avait tant entendu parler l’a déshabillé, s’est déshabillé à son tour et l’a caressé. L’enfant ne se sentait pas bien. Déterminé à assouvir ses pulsions sexuelles, Alexis Joveneau, qui avait alors 63 ans, a pris la tête du petit garçon et lui a indiqué quoi faire...
« Tout au long de l’agression, il m’a fait des promesses. Il m’a fait peur. Il me disait de bien faire ça. Que sinon, je n’irais pas au paradis. C’est très dur pour un jeune garçon innocent », a révélé, en larmes, l’homme aujourd’hui âgé de 36 ans.
Bois
Siméon Malleck s’est fait agresser deux fois par le père Joveneau, mais ç’a été suffisant pour gâcher sa jeunesse et une partie de sa vie d’adulte. La deuxième fois, c’était en 1991. Il avait 10 ans.
« Ma jeunesse a été volée par lui. Quand j’étais petit, il m’a promis d’aller au ciel. Après l’événement, je n’ai plus jamais fait confiance à personne », confie-t-il.
Lorsqu’il chasse ou qu’il pêche, il est bien. Il sort de sa coquille, dont il est prisonnier depuis 28 ans.
Il préfère croire en la Terre mère qu’en Dieu.
« Je ne pleure pas des larmes de joie, je pleure des larmes de haine. Un homme ne devrait pas pleurer, et lui, il me fait encore pleurer. Je sais qu’il a fait plein de victimes », a conclu Siméon Malleck.

Il a surpris Joveneau et sa nièce en pleine action

Un homme qui a travaillé 20 ans pour le père Joveneau l’a surpris en train d’agresser sexuellement sa nièce.
Charles Api Bellefleur, 69 ans, a été le serviteur du père lorsqu’il était jeune. Il a côtoyé le religieux au quotidien pendant plus de 20 ans.
Un soir de 1981, il a voulu aller le voir. Il a fait le tour du presbytère, qui n’était jamais barré, et est descendu au sous-sol sans le trouver.
Il était sur le point de partir lorsqu’il a entendu la voix de l’homme. Suivant le son grave de celle-ci, il s’est retrouvé devant une scène qu’il n’a jamais oubliée.
« Il était nu et il embrassait le sein de sa nièce, Marie-Christine Joveneau. Je l’ai vu et je ne comprenais pas ce qui se passait. Je n’ai pas parlé et je suis sorti de là complètement démoli, choqué. À partir de cet événement, je n’ai plus jamais prié », révèle l’homme.
Il a essayé de dénoncer le père Joveneau auprès de quelques amis et de sa famille, mais sans succès.
« À l’époque, personne ne me croyait. On me disait que je voulais faire du tort à la religion. Personne ne l’aimait, mais personne ne parlait. Tout le monde avait peur de lui. Il contrôlait tout », ajoute Charles Api Bellefleur.
Le petit salon
M. Bellefleur se rappelle qu’Alexis Joveneau a aménagé en 1981 un « petit salon » que les victimes appellent encore aujourd’hui « la chambre noire ». Il est convaincu que le père a construit cette pièce pour commettre des agressions.
Selon les récits indépendants de M. Bellefleur et de Marie-Christine Joveneau (à lire en pages 6 et 7 ), il a fait ajouter une porte dans le mur de sa chambre pour avoir accès directement à cette pièce sans devoir passer par le corridor.
Cette pièce était très obscure, de là son surnom de chambre noire. Le curé avait même pris soin de placer un meuble dans le corridor devant la porte de cette pièce, afin que le seul accès soit par sa chambre à coucher.
M. Bellefleur croit que c’était pour s’assurer de ne pas se faire surprendre.







mardi 13 mars 2018

Disparu Ariel Jeffrey Kouakou

Un enfant de 10 ans porté disparu à Montréal



MONTRÉAL – La police de Montréal demande l’aide de la population pour retrouver un enfant de 10 ans porté disparu depuis lundi midi à Montréal.
Ariel Jeffrey Kouakou a quitté son domicile vers midi pour se rendre chez un ami, et n’a pas été revu depuis.
Il mesure 1,40 mètre et pèse 40 kg. Il a les yeux noirs, les cheveux noirs et parle français.
Au moment de sa disparition, il portait un manteau noir avec une capuche, un pantalon gris et des souliers jaunes.
Le Service de police de la Ville de Montréal a indiqué que le garçon a l’habitude de fréquenter la Maison des jeunes au parc Mésy, le parc Marselin-Wilson et les Galeries Normandie.
Toute information pouvant permettre aux policiers de le retrouver peut être transmise au 911, ou à Info-Crime, au 514 393-1133.

vendredi 9 mars 2018

Sherbrookois 19 ans

Le père du bébé secoué reste en liberté


SIMON ROBERGE
La Tribune
Le père qui aurait secoué son bébé de six semaines reste en liberté malgré la mort du poupon mercredi. C’est ce que le juge Conrad Chapdelaine a décidé lors de la comparution où le jeune homme de 19 ans a été accusé d’homicide involontaire coupable au palais de justice de Sherbrooke jeudi.
La couronne ne s’est pas opposée à cette remise en liberté.
« En matière d’homicide involontaire, la règle générale, c’est la remise en liberté et on a jugé que c’était une situation où l’accusé pourrait en bénéficier moyennant un encadrement avec des conditions serrées compte tenu des circonstances », explique Me Marie-Ève Phaneuf, procureure aux poursuites criminelles et pénales.
Les conditions restent les mêmes que lors de sa remise en liberté à la suite de l’accusation de voies de fait graves déposée la semaine dernière.
Il ne pourra communiquer avec la mère de l’enfant ainsi que sa famille immédiate. Il ne pourra se trouver seul en présence de mineurs et devra respecter un couvre-feu de 22 h à 7 h. 
« Ces conditions visent à assurer la protection des témoins et des gens impliqués », souligne Me Phaneuf.
L’ordonnance de non-publication de l’identité de l’accusé a également été conservée malgré la mort de l’enfant.
« Cette ordonnance vise à protéger l’identification de la victime, mais aussi des personnes qui devront témoigner dans ce dossier, mentionne Me Phaneuf. Elle sert à éviter tout risque de préjudice avant les témoignages et assurer la sécurité des témoins. Elle sert aussi à encourager la dénonciation et la participation au système judiciaire. Ce n’est pas une situation facile pour les témoins. »
Le dossier a été reporté au 25 avril.
Le bureau du coroner a reçu également le mandat d’étudier le dossier.
C’est un signalement fait par les autorités médicales qui a mené à une enquête du Service de police de Sherbrooke, puis au dépôt des accusations. Selon l’acte d’accusation, les gestes qui sont reprochés au père auraient été posés le 26 février.
Une perquisition avait eu lieu au domicile de l’accusé dans l’arrondissement de Brompton. Plusieurs témoins avaient été interrogés par les policiers de l’escouade des enquêtes criminelles du Service de police de Sherbrooke, dont des membres de la famille du jeune père, qui n’était pas connu des services policiers.
Tout indique que la mère du poupon n’a rien eu à voir avec le tragique événement.
Le bambin avait été transporté au CHUS et présentait des séquelles « très graves ». Des hématomes au cerveau ont été trouvés. - Avec René-Charles Quirion

mardi 6 mars 2018

Robert Côté 54 ans Montréal

Publié le 05 mars 2018 à 09h05 | Mis à jour le 05 mars 2018 à 09h05

Pornographie juvénile: un ex-vice-président de la Caisse plaide coupable

Un ancien vice-président aux affaires juridiques de la Caisse de dépôt et placement du Québec, Robert Côté, a reconnu l'automne dernier avoir eu en sa possession pendant deux décennies près de 15 000 images de pornographie juvénile. C'est en exhibant ses photos sur un site de rencontre qu'il a été dénoncé à la police, a appris La Presse.
Petites lunettes rondes et longue barbe blanche, Robert Côté est revenu en cour la semaine dernière au palais de justice de Montréal pour l'étape des observations sur la peine. Son avocat Martin Latour a fait valoir que le haut dirigeant déchu de la Caisse voulait réorienter sa carrière dans le domaine des arts. Comme le rapport présentenciel n'était toujours pas prêt, l'homme de 54 ans poursuivra sa thérapie amorcée il y a deux ans jusqu'à son retour en cour en mai.
Accusé en novembre 2015 de possession, distribution et accès à de la pornographie juvénile, Robert Côté a plaidé coupable à une seule infraction sommaire de possession de pornographie juvénile le 27 septembre dernier. La peine d'emprisonnement maximale est de deux ans moins un jour pour une infraction sommaire, contre dix ans pour un acte criminel.
Pleine collaboration
C'est à la suite de « demandes répétées d'un usager d'un site de rencontre [que M. Côté] exhibera quelques photos à ce dernier », indique-t-on dans un résumé conjoint des faits déposé à la cour. Informés le 16 janvier 2015 du téléversement sur internet d'une image de pornographie juvénile, les enquêteurs ont identifié Robert Côté comme étant le propriétaire de l'adresse IP utilisée pour transférer la photo.
Puis, en novembre, les policiers ont découvert chez Robert Côté 16 disquettes sur lesquelles se trouvaient 14 951 images et 18 vidéos de pornographie juvénile. Il détenait ces photos depuis septembre 1997, mais ne les avait retrouvées que récemment.
L'accusé a « pleinement collaboré » avec les policiers, leur remettant volontairement toutes ses disquettes. Il leur a même indiqué leur emplacement avec précision, puis a fourni tous les codes d'accès de ses ordonnateurs pour vérifier qu'il ne détenait aucune autre image illégale.
Au moment de son arrestation, Robert Côté était vice-président aux affaires juridiques pour les placements privés à la Caisse de dépôt et placement du Québec. L'accusé n'a « jamais réintégré son emploi depuis le 19 novembre 2015 » et n'a plus de « lien d'emploi » avec la Caisse, a indiqué le directeur des communications de la Caisse, Maxime Chagnon.