Au terme d'un procès de trois jours, le juge Richard Poudrier a en effet conclu que le prévenu devait être déclaré coupable d'agression sexuelle pour les gestes commis contre la victime entre le 1er septembre et le 31 octobre 2009. Il a toutefois prononcé un arrêt des procédures sur l'accusation d'attouchements sexuels.
Il importe de préciser que les accusations, bien que distinctes, portaient sur un seul et même geste à caractère sexuel, soit un toucher au sein. Celui-ci a toutefois été commis dans un contexte particulier.
En effet, dans cette cause, la présumée victime, qui était âgée de 13 ans au moment des faits, a soutenu qu'Alain Saint-Pierre l'avait embrassée à quelques reprises à la garderie. Il lui avait également soufflé dans le cou, murmuré à l'oreille qu'il aimerait faire l'amour avec elle et l'avait complimentée plus d'une fois. C'est toutefois le toucher au sein qui a poussé l'adolescente à porter plainte.
Saint-Pierre avait d'ailleurs été arrêté sur son lieu de travail et formellement accusé dans les jours suivants.
Lors du procès, l'ex-éducateur avait admis avoir souvent donné de l'affection aux jeunes enfants au même titre que les autres intervenants, que ce soit par des câlins ou des compliments. Selon lui, ces gestes étaient effectués seulement lorsque l'enfant en faisait la demande mais il avait nié tout geste à caractère sexuel. Il prétendait même que c'était la jeune fille qui était toujours collée sur lui.
Or, le juge a complètement rejeté la version de l'accusé. «Il n'a jamais fait de négation franche lors de son témoignage. Le tribunal l'a senti très mal à l'aise. Il parlait au conditionnel, disant qu'il n'aurait pas fait ceci ou cela. Son témoignage en est un de retenue et d'imprécisions», a indiqué le juge Poudrier.
Selon lui, l'accusé n'a jamais été en mesure de soulever un doute raisonnable sur son innocence. Le juge n'a pas non plus pris en considération les témoignages de sa conjointe et d'une autre éducatrice du service de garde compte tenu des imprécisions qu'il y a relevées. Par contre, le témoignage de la victime lui est apparu très crédible.
C'est pourquoi il a rendu un verdict de culpabilité à l'encontre d'Alain Saint-Pierre sur le chef d'agression sexuelle et prononcé l'arrêt conditionnel des procédures sur le chef d'attouchements. La procureure de la Couronne, Me Vicky Belleville, a tenté de faire modifier cette décision afin qu'il soit plutôt déclaré coupable sur le chef d'attouchements mais en vain. Le juge a refusé.
À sa sortie du tribunal, elle a d'ailleurs expliqué que l'accusation d'attouchements était plus grave dans le Code criminel que celle d'agression. «Un individu condamné pour attouchements sexuels est passible d'une peine minimale de 45 jours de prison et d'une peine maximale de 10 ans. En ce qui concerne l'agression sexuelle, il n'y a pas de peine minimale, bien que le maximum soit le même», a-t-elle expliqué.
Pour sa part, l'avocate de la défense, Me Jocelyne Duplessis, s'est refusée à tout commentaire.
Les plaidoiries sur sentence auront lieu le 11 mai.